Spartacus et Cassandra

Spartacus, jeune Rrom de 13 ans et sa soeur Cassandra, 10 ans sont recueillis dans le chapiteau-squat de Camille, une drôle de fée trapéziste qui prend soin d’eux, leur offre un toit et leur montre le chemin de l’école. Mais le cœur des enfants est déchiré entre l’avenir qui s’offre à eux… Et leurs parents qui vivent encore dans la rue.

Ioanis Nuguet a passé trois ans auprès des Rroms de Seine-Saint-Denis. A la froide observation de leur vie, le jeune cinéaste préfère un film documentaire à « hauteur d’enfants », constitué de la somme de leurs regards, sentiments, pensées… Son cinéma direct en plans séquences s’ouvre à la fantaisie, à la musique, au Super 8, aux photos et animations, libre comme le slam de Spartacus. L’histoire de deux enfants qui, au bout de l’engrenage judiciaire, comprennent qu’à défaut de pouvoir sauver leurs parents, ils peuvent décider de se sauver eux-mêmes. Cruel dilemme pour ces petits héros dignes des frères Grimm, qui vont apprendre ce qu’il en coûte de prendre leur destin en main, et d’abandonner leurs parents au bord du chemin… Ioanis Nuguet compose avec empathie un « conte documentaire » à la fois tendre et rude, réaliste et poétique. Où dépassant la fonction de sujets-témoins de l’enfance rrom, Spartacus et Cassandra nous offrent la possibilité d’expérimenter l’absolue singularité de leur vie. Et de devenir les témoins de leur combat pour trouver une place dans ce monde qui souvent les rejette, pour rompre avec cette fatalité qui voudrait qu’ils n’aient d’autre existence que celle qu’on leur réserve, à la lisière de la société. Etre enfant, comme leur dit Camille, c’est continuer de rêver à une vie meilleure.